captain
Messages : 210 Date d'inscription : 27/11/2009 Localisation : Milicien, MPPC / gardien de la terre, TEAF
| Sujet: Récit de guerre d'un milicien (loriol) Ven 29 Jan - 23:24 | |
| Nord Ouest, du desert intérieur, de la 4° Terre.
21 h 00 en ce début de nuit hivernale, glaciale, une légère brise, venue du nord, caresse doucement un visage blanc comme une colombe, accentuant la sensation de froid, jusque dans les os, les cheveux noirs et longs, ondulant doucement, mais rien, ni personne, ne saurait détournée cette vision iréelle.
Une princesse, se tiens là, accompagnée de quelques serviteurs fidèles, devant cette ville, aux remparts monumentaux, encerclant cette forteresse, inexpugniable, selon tous les généraux d'armées, en cette terre 4, terrorisant, par sa seule vue, n'importe quel monarque, y compris l'empereur lui même. Qui aurait pût imaginer, cette frêle adolescente, défier de sa personne, le grand Temple du Serment ?
Elle scrute, du fin fond de la nuit, cette ville, jadis si florissante, illuminant de ses milles feux l'obscurité, dans un calme habituel, trop habituel, car maintenant, elle est prête, prête à en découdre, avec ses puissantes armées, indestructibles et invaincus, depuis toujours, elle, la petite princesse, avec sa petite Claymore précieuse de lumière, seule, toute seule, si fragile, mais que peut elle donc faire ?
Du haut des remparts immortels, les gardes l'invectivent, la raille et parfois l'insultent. -Vas t en, mendiante, ou bien tu tateras de nos flêches.... disaient ils.
Mais elle ne bougeait point, avec son léger rictus, du coin de ses lèvres pulpeuses, son corps mince luttant contre ce froid intense.
Soudain, du fin fond de la nuit, un cliquetis de plus en plus perceptible, monta du désert, en direction de l'est aparût, étincelante, une armure, reconnaissable parmi toutes les armures de cette terre, une armure taillée à mains nues, dans la carapace du scorpion mythique, cis le désert du monde intérieur, le desert encerclant la citadelle titanesque des Janus et tous pûrent reconnaître, dans la pénombre, le Grand Seigneur Skali accompagné de son fidèle chevalier Rob, valeureux parmi les valeureux, insouciant ou simplement courageux ? chevauchant d'un air débonaire, un majestueux destrier du nom de Roncelot.
Immédiatement, une autre rumeur, sourde cette fois-ci, arrivant du nord-est, du pied des montagnes imprenables, vôtre humble narrateur, grand maître de l'ordre des pauvres chevaliers du Christ, accompagné de son brave Sénéchal Hugoa et de son inimitable Maréchal de guerre, le beau sire Kedren, doux comme des agneaux, avec leurs amis, féroces comme des lions, avec leurs ennemis, dans leurs hayons et armures rouillées, par le temps et les combats, arrivant au camp de base, de notre princesse, juste après l'installation du Seigneur des Janus, préparant immédiatement les objets consacrés, pour le prochain office religieux.
Dans la foulée et le hénissements des chevaux, érintés par la marche forcée, impossible d'arriver en retard à ce rendez-vous mémorable et surtout improbable, les gardes, encore sous le choc de cette vue, de ces petits feus de camps qui s'allument, ça et là et l'arrivée du grand seigneur Ice Cube, protecteur incontesté des LIONS, qui a lui tout seul, représente les 4 éléments fondamentaux, son heaume de feu, ses jambières de la terre, son amulette de l'eau et sa rapière de l'air, entraînent sur son passage, moult rebondissement de la nature et même les animaux les plus sauvages évitent son simple regard, un regard glacial, encore plus que cette nuit noire, dans son armure trop petite, pour contenir un ventre témoignant de son opulence et de son goût prononcé pour les bonnes, grosses ripailles.
Accompagné de quelques guerriers particulièrement pugnaces, comme le fameux Samsagace , le tombeur de Chaos, ou encore Tonystan le protecteur ou le non moins fameux diplomate des lions, le sire Golinu. Seul, le prince Shinra dû reconcer, terrassé par un mauvais rhûme, soigné au bon rhum.
Minuit déjà et le flôt interminable de valeureux guérriers grossit indubitablement le petit camp improvisé, face à la grande porte de l'est, de cette ville terrifiante, mais sur les remparts, des gardes hurlent, des officiers se pressent aux meurtrières, l'alerte générale ameute les archers, les machines de guerre sortent peu à peu de leur torpeur, les cavaliers équipent à la hâte leurs plus beaux chevaux de bataille et la ville sort de son premier sommeil,
- Mais que se passe t il donc ? Tout le monde reconnu le Maître des lieux, l'ange noir de la citadelle, lové dans les bras de jeunes servantes, arraché de son lit, en pyjama rouge à point vert, un petit mickey sur ses braies, rouge de colère et impatient de savoir.
Savoir, mais qui en ces lieux prestigieux, peut prendre la mesure d'un tel événement ? Un seul homme, le Grand Justin, le meilleur guerrier du DarkAngel, commandant général de la place forte, un guerrier valeureux, tellement entraîné, par les meilleurs guildes qu'ait connu cette terre, aujourd'hui, pour la plupart, disparues, qu'il en est imbattable, surgit immédiatement dans la chambre de son maître, affublé de son slip tanga rose fushia, cachant difficilement une masse musculaire imposante.
Une heure du matin, sentant la menace, pointée à l'horizon du désert, le Justin avertit son Maître et partit aussitôt en campagne, passer quelques uns de ses gueux, par le fil de son épée magique, histoire de calmer cette rébellion dans l'oeuf. Oui mais voila, ce n'est pas une simple rébellion que Justin découvra aux portes de la ville, même son fidèle destrier en frêmit, sous le coup des masses d'armes, des machines de guerres, des esclaves affranchis pour l'occasion, des hommes libres, se sacrifiant volontiers pour cette liberté, si chèrement acquise par le passé, des hommes retrouvant leur honneur, dans le sang des tyrans, lavant du même coup, toutes les offenses subient par le peuple de cette terre, constamment soumis à la terreur des guerriers de cette ville aussi maudite, que la tour principale éponyme.
De toute part, de toutes les guildes, des mercenaires de l'honneur, se ruent vers leur dernier combat, souvent contre l'avis même de leur chef, mais, l'honneur chevalresque l'emporte, sur les basses manigances humaines, les compromis et la peur.
Ces chevaliers disparatent, en nombre incalculable, quelquefois amis mais souvent adversaires, cooptent dans une trêve implicite, une trêve d'amour, une trêve pour leur liberté, faisant taire rancoeurs et disputes, pour la première fois et peut être la dernière, côte à côte, dans un espoir éphémère de victoire, de la lumière, sur les ténèbres.
Et ces ténèbres, innodant le théatre dramatique, laissent placent, peu à peu, aux milles petites torches, éclairant une marée humaine, armée et désespérée, mais aucun discours, ne pourra détourner cette marée, de son choc inévitable, contre les murs imprenables.
Le choc, le premier choc, subitement, à 2h06 du matin, alors que Mercure Vénus et la Lune forment une pyramide dans le ciel dégagé de ses nuages gris, un fracas terrible, reveilla les rares humains encore endormis, un fracas de bruit et de poussière, des minis tremblements de terre, à chaque tir des catapultes et des trébuchets,sous les ordres des chevaliers pourthib des hellwarriors et pleymo des anges de l'apocalypse, car notre princesse venait de donner l'ordre de saper les remparts, pendant que les miliciens du Christ, s'adonnaient à une ultime messe, recommandant à Dieu toutes ses bonnes âmes, avant d'entamer les véritables hostilités, un corps à corps pour l'honneur et pour la vie.
De l'autre côté du rempart, ce n'est que brouillard, les machines de guerre faisant leur funèbre office, des maisons, souflées comme des pailles au vent, sous les coups terrible de blocs de pierre, des corps mutilés éparpillés dans les rues, une odeur insoutenable, de putréfaction et l'horreur ultime, une pluie de projectiles enflammés, éclairant majestueusement le ciel, avant de s'abattre sur les édifices de bois, embrasant des quartiers entier de cette immense ville, des cris, des pleurs, une panique générale dans cette population, bien peu habituée à ce genre d'événements.
Maintenant, il est clair que cette Ligue est bel et bien là, pour mettre un terme aux agissements orgueilleux de ses princes citadins, rompus aux duels. Le chef des gardes, le Duc Morgana, bléssé au plus profond de sa chair, par un tir nourri, d'archers talentueux, implorant quelque secours divin, trouva en ses compagnons, le geste salvateur. Voila Torgull et Vermifuge, se portant au secours de leur frère de sang, constatant les dégats, décidèrent d'emporter le blessé en lieu sûr, le seul, face à la fureur des événements, la place forte, à l'extrémité ouest de la ville, sur ce piton rocheux de granit gris, surplombant cette mer intérieur, emplie de pirates et de serpents de mer, que tant de chevaliers évitent à tout prix.
Trois heures moins quart, ils enveloppèrent promptement Morgana, dans un tapis finement élaboré par d'expertes mains et se chargèrent du transport vers la citadelle. Dévalant le plus vite possible les grands escaliers, ils se retrouvèrent bientôt dans les rues de la cité, le peuple les défiant d'un regard réprobateur, l'air suffoquant des fumées et des poussières, emplirent leurs poumons de feu, mais leur mission ne pouvait soufrir un quelconque retard, empoignant leur épée de la main droite et transportant leur frère sanguignolant de la main gauche, ils entreprirent de se frayer un chemin, dans cette populace en transe à coup d'acier trempé, tranchant si facilement, les membres tendus dans leur direction.
Du haut de son balcon, surplombant la ville bientôt en ruine, Darkangel harenguait les quelques combattants présents, car beaucoup étaient partis en mission, bien loin de leur base. Pendant ce temps, la brise balayait la fenêtre du scriptorium; l'écume des vagues rebondissait sur les murs de la citadelle, portée par un vent qui grondait entre les créneaux de la tour de guet. Le sire Bacourt, alluma une lampe à huile, qu'il posa sur une longue table de chêne où s'entassaient livres, feuilles de vélin et plumes d'oie. La lumière était chiche. Mibobus osa une question. - Pourquoi, frère, n'utilisez vous pas de chandelle ? - Pour incendier la bibliothèque ? Une seule étincelle, une seule goutte de cire qui tombe et plus un de ces livres ne reverrait le jour ! Crois-moi, le feu est ennemi de la lumière de l'esprit. Surpris par la brusquerie de la réponse, le glabre chevalier, chef de la marine LTS, examina avec plus d'attention le frère bibliothécaire. Avec ses épaules osseuses et tombantes, son corps maigrelet, ses mains noueuses, on pouvait à juste titre se demander, comment pareil avorton avait pu un jour être reçu dans l'ordre du temple du serment. Mais l'organisation, depuis sa création, avait évolué et elle comprenait désormais aussi bien des combattants que des érudits : des hommes et des femmes qui ne combattaient pas par l'épée, mais dont le savoir pouvait gagner bien des batailles. - Qui t'a parlé de la LIGUE ? - Nul ne m'en a parlé. J'ai vu et je veux en savoir plus sur eux, répliqua Mibobus. Bacourt le regarda d'un air singulier, avant de grimacer un sourire. - Mon frère, si tu veux en savoir plus, il te faudra aussi m'en dire plus. Parle d'abord ! Abasourdi, Mibobus contempla ce viel homme, qui, du fond de son repaire de livres, posait ses conditions. Un instant, il eut la tentation de rappeler à ce rat de bibliothèque que sa survie, comme celle de ses livres, ne dépendait que de son bon vouloir et des navires sous ses ordres. Mais il jugea plus efficace de se montrer diplomate, pour une fois. - J'en ai vu ce soir. Et dans un endroit qui ne cesse pas de m'étonner. -Comment sais tu que c'en étaient ? - Parcequ'un frère qui était avec moi sur les remparts, le sire Meruemu, me les a nommés. Le bibliothécaire sursauta. Une vague puissante venait de s'écraser au pied de la tour. Une gerbe d'écume jaillit et frappa la fenêtre. - Ainsi, tu as bien vu les Liguiens.... Laissa échapper Bacourt. Mais tu ne m'as pas dit ce qu'ils faisaient ! Le Mibobus tourna son regard vers la fenêtre étroite qui ouvrait sur la cour d'honneur. Deux silhouettes couraient rapidement. - Ils attaquent la ville, contre toute attente, contre toute logique, mais qu'espèrent ils, au juste ? - Justice, mon frère, justice, le désespoir est une arme si puissante, nos frères combattants ont peut être raider trop de caravanes commerçantes, trop de petites gens, trop de faibles, c'est une croisade, pour la justice et la liberté, et personne, pas même notre grand Desdaimon, pourra endiguer cette volonté divine.
trois heure du matin et quelques minutes, l'imposant Darkangel prépara une riposte, digne de figurer dans les annales de l'histoire, son Ukinycths au poing droit, protégé par son bouclier mystique Shyvorelths dans sa main gauche son Keloths sur la tête et sa Garalth de lumière en pendentif, chevauchant son destrier, à travers un brouillard épais et les odeurs fétides, fonçant à brides abattues, vers les présomptueux petits chevaliers de cette Ligue, une Ligue d'hérétiques, en dépeça certains, en découpa d'autres, à peine la grande porte de l'est franchie, mais ce sacrifice humain, permit aux plus hardis des lions, de se faufiler dans la cité, avant même la sape complète du mur principal, défiant les LTS et sa bonne fortune, le Grand Ice Cube calma rapidement la fougue des défenseurs, en cela aidé par ses compagnons de guilde, avant de se retirer sous sa tente, pour un repas frugal, bien mérité, malgré le sang maculant son armure étincelante, ternie ses chausses, jusqu'aux jambières, fier d'un travail accompli sans retenu et sans états d'âmes.
La guilde de l'alliance, discrète par son arrivée en décalage, les chevaliers ayant pris divers chemins, pour ne point éveiller de soupçons, ne déméritta point, en attaquant le mur sud, sans soutient d'artillerie, sans archers, sans arbaletriers, une pure folie à l'encontre de toute stratégie militaire, et pourtant, cette audace, surprit toute la garnison attendant les hordes dans les rues de la ville. Voici Le grand Spatzi (Qui dû, contraint et forcé, assister à un match du PSG pour savoir ce qu'était la défaite), accompagné par Idoudou et le Monte Cristo, trancher dans le vif, les piquiers, gardes, arbaletriers, sans distinction de grade ou de fonction, nonchalemment, comme on va au marché, ce qui lança un effroi ténébreux, dans les yeux des défenseurs, qui ne durent leur vie sauve, juste un court instant necessaire à leur fuite, qu'à une joute verbale entre ses terribles guerriers, tellement routiniers dans leurs combats, qu'ils pourraient prendre le thé, en même temps.
Une mécanique bien huilée, qui défonça la plus grosse garnison de la ville, les terribles Crominou, eldiablotin, Luigi, lord agon, lord nekro, lepreux et mibobus. En cela, le grand Ice Cube en prit ombrage, car son appétit féroce, réclamait lui aussi quelques adversaires de valeur, pour laver l'affront, mais notre princesse, ramena la raison en nos rangs, en nous désignant, les trop fameux Vttboy et Zaternix, tapis en embuscade, selectionnant déjà leur futures victimes.
Ils n'eurent guère le temps de savourer plus avant leur victoire, le glaçon glacé gela leur sang brûlant, le Chevalier Paladon terminant le travail, assisté du Papounet et de l'Aurovic, quand tout à coup, surgit de nouveau, des vagues de gueux, fuyant les décombres de cette ville, partie en fumée. Le chevalier LeTorro, Black Widow, sous les ordres du Maréchal Kedren,un chevalier d'exception, se tenaient prêt à intervenir, contre cette foultitude éperdue, durant le long assaut nocturne, protégeant éfficacement les camps des grands Seigneurs, pendant que le sénéchal Hugoa s'ocupait personnelement du sire Bacourt, sans même tacher les précieux et si délicats ouvrages de la bibliothèque.
5 h 30 La sonnerie du buccin retentit, sous l'immense tente de l'alliance, un petit déjeuner improvisé, rassemblant tous les seigneurs de cette guerre, affalés sur les nombreuses planches, posées sur des trétaux, leurs seants sur de simples bancs de bois, inconfortables au possible, que les seigneurs n'ont guère l'habitude d'user, tant ils sont accoutumés au faste de leur vie princière. Service de campagne, dirigé par le Ritounet, un habitué des pique-niques champêtre. Le grand Seigneur Wild Bill Hickok, prit la parole, pour féliciter tous les participants à se suicide collectif et malgré sa jeunesse, bien visible dans ses grands yeux marrons comme le bois tendre, son corps élancé, athlétique, ses cheveux noirs comme l'abîme, son nez en trompette, et ses minces lèvres, posa la question la plus envoutante qui soit : - Pourquoi le Sire Bacourt est il toujours cul nu ? aucune arme, aucune armure, aucun équipement, rien. Un silence de mort s'installa soudain dans l'assistance, pendant plusieurs secondes, les pipelettes se regardèrent dans le blanc des yeux, à la lueur des nombreuses chandelles, ornant les tables de fortune. Un chevalier, fixant nerveusement un trou dans sa chausse droite, sans même relever la tête, exprima, doucement, une phrase qui glaça tout le monde. - Moi je sais... Tous se tournèrent en direction du Seigneur Spatzi, d'un air interogateur. - Cher ami, dites nous ce que vous savez, ne nous laissez point dans cette insupportable ignorance, je vous en conjure, parlez donc. - Et bien, repris le noble Spatzi, d'après une source, "non officielle" mais très bien renseignée, une espionne infiltrée parmi les gueuses festoyant chaque soir avec ses suppots du mal, ce fameux soir, donc, après un nombre indécent de boissons alcoolisées, les frères d'arme du Sire Bacourt, ont voulu lui faire une farce, Le Ranger en particulier, cachant tout son équipement personnel dans les recoins sombre du chateau. A son réveil, celui-ci commença à chercher au moins son pantalon et c'est pourquoi il erre encore aujourd'hui, à la recherche de ses habits. - En voila une drôle d'histoire, dit le Seigneur MrGun et qui pourrait bien confirmer de tels dire ? - Moi, hurla du fin fond de la tente, le Tchadius, je connais personnelement l'espionne et tout est vrai, sauf un petit détail, car, comble de l'ironie, tout son attirail est caché sous son lit, mais c'est bien le seul endroit du chateau qu'il ne soupçonnera jamais ! Et tous se mirent à rire, de bon coeur, d'autant que l'Hydromel du Seigneur Wild Bill Hickok coulait à flôt, car il n'en manquait jamais.
Vers neuf heures du matin, un bruit de métal résonna brusquement sous la voûte de la grand-salle de la citadelle. Sadrevash sortit de sa torpeur et devina, à travers la toile tendue, le corps en armure qui gisait sur une planche de bois. Depuis le début de l'assaut des liguiens, la salle ne désemplissait pas. A tout instant, un corps mutilé ou agonisant venait s'échouer dans ce cloaque surpeuplé, où les cris de douleur le disputaient aux odeurs de sang.
Malgré le rideau qui séparait la salle improvisée du Conseil, des travées où s'entassaient les blessés, des relents putrides envahissaient tout l'espace. Sadrevash plongea sa tête entre les mains. Dehors, la bataille faisait rage. En fin de matinée, la Tour maudite était tombée aux mains des hommes de la Princesse. Jamais cette tour n'avait si bien portée son nom : à chaque siège de la ville, sa perte avait signifié la chute à venir de la cité. Tous savaient qu'il était impératif de la reprendre, quel que soit le prix à payer. Tous en étaient convaincus, tous sauf Sadrevash. Lui qui avait traversé tant de batailles, occis tant d'ennemis, versé son sang sur tous les chemins du S4, lui dont la force et le nom résonnaient des deux côtés de la mer intérieure, lui seul ne se sentait plus le courage désormais de monter à l'assaut. L'odeur de mort devenait de plus en plus forte. Dans la salle principale, un hurlement monta, vrilla et s'évanouit brusquement, tandis qu'une prière s'élevait qui recommandait une âme de plus à Dieu. Enfer et Paradis seraient bien garnis aujourd'hui.
Midi trente, le soleil disparut d'un seul coup. Un nuage de flèches obscurcit le ciel avant de s'abattre en une pluie de métal acéré, sur les derniers défenseurs des remparts. Depuis le matin, ces déluges de mort ne cessaient plus, ponctués par les tirs de catapultes qui s'écrasaient dans la vieille ville.
Une nouvelle pluie battante de flèches s'écrasa sur les créneaux. Crominou se jeta au sol, espérant que son casque et sa cotte de mailles lui éviteraient de mourrir transpercé. Les pointes effilées rebondissaient par centaines contre les pierres. Le chevalier du temple du serment se plaqua contre la muraille alors qu'un tintement métallique continue bourdonnait à ses oreilles. Comme durant ses nuits d'enfant quand la grêle frappait les toits d'ardoise du manoir familial et qu'il courait pieds nus sur les dalles glacées pour se blottir dans le lit de sa nourrice. La même angoisse terrible le saisit, à vingt ans d'écart. L'épouvante absolue de voir le monde finir, s'écrouler, disparaître à jamais. Rampant entre les cadavres qui s'accumulaient depuis l'aube, il s'abrita dans l'encoignure d'un créneau qui ne s'était pas encore effondré. Le visage en sueur collé contre la pierre, il lança un regard par la meurtrière. La terreur le prit à la gorge. Le nom de Bialesse résonna de la terre jusqu'au ciel. Un nuage de sable s'envola vers les défenses de la ville. Le sol commença à trembler sous l'élan invisible de l'armée de mercenaires liguiens, tandis que le fracas des tambours frappait le rythme de l'assaut. Quand le rideau de poussière se dissipa, un hurlement d'effroi jaillit des murailles. Une marée humaine venait de dévorer l'horizon. La Tour maudite avait été reprise par Zaternix, Vttboy, Lepreux et résistait toujours. pourtant, les liguiens ne se contentaient pas de déverser des myriades de flèches et de pierre sur la ville, ils creusaient aussi d'étroit et discret boyaux jusqu'au pied des murs. Là, d'habiles ingénieurs de la Milice sapaient les fondations et faisaient s'écrouler les remparts, juste avant l'assaut. Depuis le début du siège, quatre tours s'étaient ainsi effondrées livrant la première enceinte de défense aux assaillants.
18h00 Un unique rempart protégeait désormais la ville, commandé par la Tour maudite. Le dernier espoir des LTS, avant de voir leurs ennemis deferler dans la cité. Une forêt d'échelles vint s'agripper aux défenses, des cordes, comme autant de lianes, ligotèrent en un instant la citadelle. Au sol, dans la poussière des combats, des béliers frappaient les murs et descellaient les pierres. C'est à ce moment précis, juste avant le crépuscule de cette longue journée de combat, sur les remparts nord, que le très sérénissime Wild Bill Hickok, décida, après son bain et son hydromel quotidien, d'entrer en action, il ne suffit pas de décrire ses actions, car personne ne pourra jamais évoquer sa prestance et son aisance au combat, tel un danseur étoile, il manipule sa Suliths, comme un chef d'orchestre agite sa baguette, toujours avec une facilité déconcertante, pour ses amis, et ravageuse pour ses adversaires. Quoi qu'il en soit, nombreux furent les pauvres humains à tomber sous ses coups précis. La garnison ne résista pas à l'assut. Derrière les créneaux, Crominou vit les défenses de la tour abandonner leurs positions et des corps disloqués tomber des fenêtres. Bientôt la plateforme seule servit de dernier refuge aux survivants : épuisés, hagards, une poignée de chevaliers attendaient là une capture certaine. Mais ce fut la mort qui vint. Sous les coups de boutoir des béliers, une brêche apparut à la base de la tour. Aussitôt des soldats s'y engouffrèrent, les épaules chargées de bois sec. Dans les étages supérieurs, les combattants liguiens abandonnaient l'édifice et refluaient par les échelles. Un grand silence se fit sur le champ de bataille. Crominou, désespéré, détourna le regard, mais déjà le crépitement du brasier se propageait inéluctablement. La tour se transforma en bûcher de sacrifice. Une fumée âcre enlaça les murs éventrés, se répandit sur les remparts et pénétra dans la ville. Un parfum d'incendie qui plongea les habitants plus encore dans l'angoisse. Mais partout la fumée se propageait, aussi inéxorable que l'annonce de la marée de haine et de mort qui allait submerger la ville. Une main s'abattit sur l'épaule de Crominou. Il ouvrit les yeux et reconnu son frère Jauzeay Beauvais. - Tu vas te faire tuer. Lève-toi et viens. On sera plus utiles auprès des blessés. Crominou fit quelques pas en titubant. - Qu'est ce que tu attends ? Tu veux vraiment te faire percer la panse ou finir en viande fumée ? tout en courant, Crominou vit l'incendie qui embrassait les murs et menaçait la plateforme de la tour maudite. Le chemin de ronde franchi, ils descendirent l'étroit escalier qui menait à la grand-salle aménagée sous les remparts. La fumée avait désormais une autre odeur, celle de la chair brûlée. Crominou s'arrêta, les jambes vacillantes et le coeur au bord des lèvres. -Dépèche-toi ! Tu rendras tes tripes plus tard. La porte de la grand-salle s'ouvrit. Crominou se précipita. Il se figea et, tout d'un coup, son estomac lâcha. D'une main tremblante, il chercha un mur pour se soutenir. Il avait fermé les yeux en pénétrant dans la grand-salle, les rouvrir lui semblait au dessus de ses forces. Il avait connu l'horreur pure sur le chemin de ronde, avec ses morts transformés en pelotes d'épingles sanglantes par les fléches des liguiens, et les cris des torches vivantes de la tour maudite, pourtant il craignait le pire. Une lourde claque dans le dos le rappela à l'horreur de la réalité. Sous le choc, il dévala les marches couvertes de suie, se rattrapa à une colonne et ouvrirt les yeux. Eclairée par des lumignons qui s'enfonçaient dans l'obscurité, la salle ressemblait à une forêt de pierre. Des rangées de piliers soutenaient une large voûte sillonée de fines nervures et de multiples croisées. Une véritable toile d'araignée comme suspendue en équilibre par un miracle d'architecture. Dieu semblait bien loin en ce jour de défaite. Un soldat tenait ses deux mains serrées sur le ventre sans pouvoir empêcher un sang noir comme la nuit de se répandre sur le sol. A ses côtés un chevalier qui portait encore ses éperons gémissait, le genou fracassé par une masse d'arme. Tout le long du mur, des hommes hurlaient, le visage brûlé ou les mains tranchées. Crominou passa entre les colonnes, enjambant des flaques putrides et des cadavres abandonnés. Suivi de Jauzey Beauvais, il avança vers la chapelle, séparée de la salle commune par un drap tendu, souillé de sang séché. Là, deux blessés étaient couchés sur des tables bancales.Un homme vêtu d'une longue toge noire dénudait la jambe du premier. Ses gestes étaient précis et volontaires, mais son visage blêmit quand il contempla la cuisse du blessé. Une fléche brisée était fichée dans le muscle. Tout autour de la blessure, une auréole noire s'était formée qui virait au vert de gris. - Chiens de Liguiens, jura Shadox, ils ont empoisonné la flèche. C'en est fini de lui. Derrière le drap qui les séparait du reste de la salle, les hurlements de douleur s'intensifiaient, scandés par les pleurs et les implorations. La mort rôdait entre les murs et prélevait son tribut. Crominou s'avança vers l'autre blessé, enroulé dans un tapis de soie. Il bougeait encore. il ôta le tapis et découvrit le visage de Morgana. -Vite frère Shadox, une potion de guérison pour notre frère Morgana. -Shadox se précipita vers son coffre personnel et en retira l'ultime flacon, remplie d'une liqueur magique bleue. Crominou et Shadox entreprirent d'administrer la potion salvatrice à Morgana, avant que la Mort ne trouve leur frère.
Au même instant, Loriol décida de fatiguer quelque peu, les derniers défenseurs encore entiers, sous la direction du très Haut, qui guida son bras, toujours avec parcimonie, sans excés et toujours avec dévotion, mais le sort n'étant point de son côté, une meute s'abatit sur lui, et sans le sacrifice providentiel du chevalier Linares, toujours prêt à protéger les siens, au détriment de sa propre vie, dans l'abnégation la plus totale, le Grand Maître de la milice aurait fini dans un caniveau putride, le corps en charpie et sa tête coupée promptement. La marée des guerriers liguiens submergeait les dernières défenses de la ville. Par chaque brèche de la muraille surgissaient des groupes de combattants hurlant le nom de Bialesse. Un cri de victoire qui se répercutait dans les ruelles, rebondissait sur les murs des maisons, frappait les églises et ébranlait le palais. Le cri d'une multitude, ivre de pillages et de vengeance, venue secouer le joug de plusieurs siècles d'invasions et d'humiliations.
Tout autour, c'était un sauve-qui-peut général. Si certains, terrifiés, fuyaient en abandonnant tout derrière eux, d'autres s'acharnaient à sauver leurs biens les plus précieux. Au milieu de l'affolement, une femme vêtue d'un manteau fourré d'hermine traînait un ballot d'où s'échappaient des robes de soie écarlate. Les derniers rescapés, fuirent en direction de la mer, seul échapatoire possible, face à l'encerclement des murailles, les derniers bateaux fûrent pris d'assault, par une meute affolée, les marins hissèrent leurs voiles et furent contraint d'abandonner le reste d'humains, adossés au mur ouest de la cité détruite.
Pour finir en beauté, le plus grand d'entre tous, le Seigneur Skali, observait de loin les derniers combats faisant rage. Dans la sueur tiède, les armures moites, durement éprouvées par tant de coups, tant de traits tirés, tant de flêches décochées, tant d'humains gisans sur un sol, ou plutôt, une rivière de sang, de larmes et de feu, dans le fracas des derniers pans de mur écroulés, dans l'etourdissante complainte d'un peuple décimé, plus une seule maison, un seul commerce, ne fût épargné de l'acharnement collectif des assaillants, embrasant tout sur leur passage, et massacrant, en règle, tout adversaire encore debout, hommes, femmes, enfants. Point de distinction dans l'abjecte tâche qui leurs incombée.
Alors gronda, du fin fond des écuries de la place forte, une voix grave et suave, une voix d'outre-tombe, un justicier parmi les siens, un justin parmi les désespérés, hurla, hilare, qu'ils étaient sur le point de vaincre et que cet ultime attaque, scellera le sort de la Ligue, du haut de son orgeuil démesuré. Le Skali, en stratège averti, pris le chemin du combat, avec un objectif bien précis, anihiler toute contre attaque possible, de la part de ces mécréants. Quelle idée ingénieuse, car déjà l'ennemi avait reprit des forces, tandis que les nôtres, épuisés par tant de duels, s'écroulaient les uns après les autres, dans de doux lits de fortune, entourés de scorpions et de serpents à sonnettes, harassés mais heureux, baignant dans une fraternité retrouvée, soudée autour d'un ennemi commun, malgré toutes les querelles de séculaires de voisinage.
Jamais, de mémoire de chevalier, un homme fût aussi rapide et point par magie, mais par expérience et science, tous les spectateurs restèrent bouche entre-ouverte, devant Skali, un si prodigieux combattant, passant par le fil de son épée, deux adversaires à la minute.
La tour de guet vient de tomber, tout est perdu pour les LTS.
Quand arriva enfin le décompte général, quel soulagement de remporter une victoire si éclatante, grâce à la vitesse et à la surprise, notre princesse Bialesse, à contre courant de toute initative militaire, démontra des talents exceptionnels, de diplomate et de chef de guerre.
Voici modestement exprimé, par votre humble serviteur, un résumé de l'histoire fantastique, qui ravivera l'espoir, parmi tous les chevaliers, sans exceptions, même ceux qui n'eurent point l'honneur et le privilège de combattre dans cette Ligue, devenue mythique, tout autant que son chef incontesté, la princesse Bialesse.
Que Dieu soit honoré et remercié, pour m'avoir permit de vivre, et survivre à une telle aventure. Qu'on se le dise, de part la 4° terre entière, personne, n'est au dessus de la justice divine.
Loriol - MPCC La milice des pauvres chevaliers du Christ, du temple du roi Salomon, du temple de Jerusalem | |
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